Nous sommes l'étincelle qui ravivera la flamme de la rébellion

[Nar Shaddaa, Bordure Extérieure, 17h00]

Dans la Bordure extérieure de leur Galaxie, Nar Shaddaa était probablement, après la planète étoile noire du Premier ordre, l’endroit le plus mal famé que Poe Dameron eut à fréquenter. Surnommée la Lune des contrebandiers, sa réputation n’était plus à faire et le pilote de la résistance ne se laissait pas abuser par le paysage urbain et saturé de panneaux publicitaires à néons sur tous les  bâtiments du secteur Corellien. BB8, son droïde, restait fermement à proximité de l’épais pantalon marron du Yavin, mais éveillait chez les passants une lueur de convoitise qu’il n’appréciait pas du tout.

- BB8, reste près de moi, souffla le pilote pour la énième fois, caressant la tête sphérique de la boule orange et blanche qui le suivait tant bien que mal dans la foule et les passages sinueux.

Sous un épais ciel aux nuances orangeâtes, l’atmosphère lui évoquait la beauté des couchers du soleil et la lourdeur assommante des vapeurs de pollution issues des multiples entrepôts, accumulés les uns sur les autres après la grande expansion industrielle. En levant la tête, il pouvait voir de multiples cargos stellaires planer au-dessus de sa tête et effectuer leurs sombres transactions, au beau milieu d'une poudreuse de poussière. Pour un peu, la chute suspendue lui évoquait des fines particules de neige. Mais ici, tout était teinté d'impuretés. Un bipbip empressé l’arracha de ses nébuleuses pensées ; d’après BB8, ils étaient arrivés au lieu de transaction. Depuis la bataille sur Crait, les « missions » de Poe avaient perdues de leur reluisance pour se réduire à de la presque contrebande au nom de la Rébellion. Ils manquaient d’armes, de munitions et de vaisseaux. En cette période de trouble, il ne pouvait pas faire confiance à n’importe qui sous peine d’être trahi. Aux grands maux, les grands remèdes : après avoir emprunté un moyen de transport plus anonyme, Poe avait accepté de rencontrer son contact dans un lieu public à Nar Shaddaa, ce qui lui semblait être une contrepartie judicieuse pour ne pas finir dépouillé en l’absence de témoins.

L’Exotica. Le nom de la Cantina était prometteur : elle lui évoquait de la végétation et des rafraichissements à foison, de quoi se dépayser un peu de l’ambiance technologique à saturation. Sans compter le fait que la bâtisse avait une taille et un flux de fréquentation tout à fait respectable. Après avoir vérifié qu’il n’était pas suivi, le Yavin redressa le col de sa veste en cuir, s’essuya les mains sur sa chemise blanche et serra sa ceinture porteuse de son blaster, avant de rentrer. Nerveux, lui ? Un peu. Il fut accueilli par une salle de vaste ampleur, à l’acoustique d’un orchestre hétéroclite amplifiée par des arcades dans le renfoncement des murs. Le ton dominant virait au brun, ça et là éclairé de lueurs tamisées, autour desquelles s’exerçaient gracieusement des danseuses à demi nues. Oh. C’était donc ça, l’Exotica….. tâchant de ne pas regarder dans la direction de la Twi’Lek bleue pâle au corps emmailloté par de simples bandelettes, le pilote se dirigea tranquillement en direction du bar où devait se trouver, selon les termes de leur contrat, son fournisseur.

POINTS DE DESTIN AU DEPART :

3 points Côté Obscur

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Rebelles contre Premier Ordre.
Aux yeux de Dhor’sczer Venss, cela ressemblait énormément à ce qui s’était déjà fait par le passé, du temps où l’Empire Galactique existait encore… il n’y avait que certains noms qui changeaient, là, en l’occurrence, qu’un seul, la dénomination dudit Empire ; pour ce qui était du reste, c’était du recyclé tout juste remâché par les têtes pensantes du Système. Autrement dit, toujours le même conflit sempiternel entre le soi-disant Bien et le soi-disant Mal, lesquels prenaient un visage différent, selon qu’on était dans un camp ou dans l’autre. Et au milieu de tout ça, de cette supercherie monumentale finement organisée par les défenseurs des stupides Idéaux ; les populations.
La plupart des citoyens voulaient simplement se contenter de vivre une existence paisible et se contrefichaient pas mal de la politique. Ils ne demandaient rien à personne… Pourtant, n’étaient-ce pas les infortunés civils qui souffraient le plus des affres et des horreurs de la guerre en se retrouvant, bien malgré eux, sous les feux croisés des armées opposantes, tandis que le Commandant Untel tentait avec acharnement de faire tomber le Général Machin ? Ah oui, c’était vrai ; nul besoin de s’indigner de la sorte, mes amis… il ne s’agissait là que de « dommages collatéraux ».

Le Rodien soupira bruyamment avant de porter sa peinte à ses lèvres.
Une belle connerie que la guerre ! Mais bon… cette connerie, c’était tout de même son gagne-pain à lui. Puis, l’argent, la boisson et les jolies filles lui permettaient d’oublier les quelques injustices qui pouvaient, parfois, le faire grincer des dents. D’ailleurs, en parlant d’argent ; la rencontre, planifiée depuis près de deux semaines avec un représentant de la Rébellion, était désormais imminente, s’il en croyait l’heure qu’il était !  
Dhor’sczer reposa lentement son verre sur le bois rouge usé de la table et scruta les alentours de son regard perçant. Comme à son habitude, il s’était installé dans la zone la plus reculée de la porte principale de l’établissement.
D’après ce qu’ils avaient convenu, ils devaient se retrouver près du comptoir. Le Rebelle devait commander un Blue Kraajh’nar et tapoter de son pouce trois fois sur le verre. Néanmoins, le Rodien se rendit vite compte qu’il n’aurait finalement pas besoin de guetter tous ces signes et ces codes pour reconnaitre son contact, puisqu’un Droïde, aux couleurs criardes, terriblement tape-à-l’œil, de la Rébellion, venait de faire son entrée dans la Cantina.

Pas futé… le gars ; songea l’humanoïde à la peau verdâtre tout en entreprenant de détailler, sans se faire remarquer, l’homme qui semblait allait de paire avec le Droïde.

L’humain commanda un Blue Kraajh’nar et entama de tapoter contre son verre, une fois que ce dernier lui eut été servi.
Le doute, même si c’était tout de même un peu gros d’appeler ainsi ce simulacre d’incertitude qui pouvait persister malgré la présence du droïde aux couleurs de la Résistance, n’était désormais plus permis ; cet homme était bien celui avec qui Venss devait faire affaire. Bien, au moins… il était à l’heure. Maintenant, restait à savoir s’il était aussi idiot que son exceptionnelle imprudence pouvait laisser paraitre. Tout de même ; quelle personne dotée d’un minimum de jugeote se baladerait, au cœur de la Cité Verticale, ainsi escorté d’un modèle double B qui ressemblait …à s’y méprendre… à celui que le Premier Ordre recherchait avec tant d’acharnement il y avait de cela… quoi ? Hm.. Deux trois… aller, soyons fou, quatre jours ! Le Rodien se focalisa toutefois bien vite sur ses objectifs premiers, laissant ses pensées mourir sur l'écran de son subconscient. Puis, n'était-ce pas une aubaine, pour lui, que son Rebelle de contact soit à ce point irréfléchi ? Il y avait toujours de nombreux avantages à tirer de la faiblesse des simples d’esprits !  

Alors qu’il était sur le point de se lever pour aller s’entretenir avec son client, Venss se ravisa. Quelqu’un d’autre se rapprochait du Résistant, un humain à l’aspect miteux et à l’air vaguement déterminé. Loin de vouloir se retrouver au beau milieu d’un éventuel conflit, le Fournisseur resta assis et se contenta d’observer la scène à distance.

Pendant ce temps, Lork Jeny, un quadragénaire à l’allure patibulaire et dont les traits grossiers du visage donnaient l’impression d’avoir été taillés à la serpe, se rapprochait d’un pas chancelant de celui qui était, visiblement, le propriétaire du droïde. Ce dernier, il l’avait repéré depuis son arrivée dans la Cantina… depuis, il ne l’avait pas quitté des yeux jusqu’à ce qu’il se décide enfin à tenter sa chance.
Tout en avançant, il interpella l’homme ;

- Eh toi ! Il est à toi ce droïde ?

A proximité du comptoir, les conversations s’étaient tues et avaient été remplacées par moult murmures succincts et insaisissables, qui s’élevaient de temps à autre telle une rumeur nébuleuse, tandis que se poursuivait l’échange entre Lork Jeny, cet homme que beaucoup connaissaient comme étant un habitué sans histoire de l’Exotica, et son interlocuteur, un étranger que personne n’avait encore jamais vu. Si la plupart des clients ne cessèrent de considérer ce face-à-face qu’avec une curiosité tout ce qu’il y avait de plus impersonnelle, ceux qui connaissaient bien le quadragénaire manifestèrent des signes d’inquiétude lorsque l’inconnu laissa sous-entendre qu’il était Chasseur de Prime, ou quelque autre sinistre type de ce genre-là. Dans quel fichu guêpier le vieil ouvrier s’était-il encore fourré ? Cependant, personne n’intervint ; il n’était pas coutume, sur Nar Shaddaa comme partout ailleurs dans la Galaxie, de se soucier réellement du devenir d’autrui.  

Lork, loin de s’être laissé décourager par l’attitude hardie du gars qui lui faisait face, même s’il avait, il était vrai, marqué un bref instant d’hésitation tant dans son cheminement que dans le déroulé de sa prise de parole lorsque son interlocuteur lui désigna expressément son blaster, rajouta de sa voix rauque ;

- J’ai aucun prix à proposer, moi… Je suis pas ici pour marchander, mon gars.

Le brun ancra son regard cannelle, irisé par les brasillements inconstants d’une détermination farouche et désespérée, dans celui de l’inconnu. En parallèle, il porta sa main, rendue tremblante par les décharges d’adrénaline qui électrisaient son corps tout entier, à sa ceinture, endroit où se trouvait un long morceau d’acier rouillé et tranchant, qui lui servait, habituellement, d’arme d’auto-défense.
Dans le fond, le quadragénaire, qui venait de se faire licencier le matin même, n’avait plus rien à perdre… si ce n’était que la vie. Aussi ne craignait-il pas réellement les menaces silencieuses qu’avait précédemment eu son interlocuteur à son égard, pas plus qu’il ne craignait ce que lui réservait la suite des évènements. Lui, tout ce qu’il voyait, tout ce qu’il savait, c’était qu’il lui fallait ce droïde coute que coute ; grâce à lui et, surtout, grâce aux crédits qu’il obtiendrait en le revendant au marché noir, ils allaient, lui et les siens, être à l’abri du besoin au moins le temps qu’il puisse retrouver une situation stable. Et rien que cette perspective galvanisait le malheureux, le poussant à poursuivre ses maladroites démarches crapuleuses…

De son côté, Venss continuait d’observer avec grand intérêt la scène de son point d’observation reculé. Le Rodien avisé voyait en cet imprévu l’opportunité d’en apprendre davantage sur son contact… Mieux connaitre le Résistant, savoir comment ce dernier réagissait devant un quelconque évènement fortuit, pouvait s’avérer bénéfique pour ce qui allait suivre.  

Remarquant que son interlocuteur avait troqué son rictus suffisant pour un masque impénétrable de froideur résolue, celui-là même qui se dépeint sur les traits de ceux qui, déterminés, sont sur le point de passer à l’action, quel qu’en soit le prix, Lork dégaina instantanément son arme de fortune. Il ne lui restait plus beaucoup de temps pour frapper et viser juste ; il n’avait pas le droit à l’erreur. En effet, s’il ne se décidait pas tout de suite, l’autre allait lui porter le premier coup, lequel risquait fort d’être fatal, si l’on prenait en considération le fait qu’il s’agissait, vraisemblablement, d’un Chasseur de Prime. Ainsi, ce fut plus en suivant son instinct de préservation plutôt que guidé par une quelconque pulsion meurtrière que le quadragénaire fondit sur l’inconnu.
Malheureusement, dans sa précipitation désespérée Lork n'avait pris ni le temps de considérer les alentours, ni même celui d’analyser l’esquisse, pourtant délatrice, du premier mouvement de l’étranger. De ce fait, il se laissa bêtement surprendre et se figea, presque instantanément, sur place lorsqu’un liquide glacé lui fut jeté au visage.

De l’acide. Pour lui, il ne pouvait s’agir que de cela…
La morsure cruelle du froid sur son faciès ravagé dupait son esprit au point qu’elle lui apparaissait telle une brûlure abominablement corrosive. Voilà pourquoi un grondement de douleur éraillé s’échappa de ses cordes vocales quelques secondes avant qu’il ne ressente un endolorissement général, lancinant et pour le moins inexplicable. Alors, Lork chancela tandis que ses jambes peinaient désormais à le porter, tant leurs muscles étaient engourdis par la pernicieuse décharge électrique qu’il venait de recevoir.

Son affligeante débâcle l’avait considérablement rapproché du comptoir et, donc, du Chasseur de Prime, ce qui acheva d’emballer ses battements cardiaques, faisant pulser plus fortement encore son sang bouillonnant à ses tympans ainsi qu’à ses tempes. Une nouvelle bouffée d’adrénaline le submergea alors, ravivant tant son courage que ses ambitions. Parallèlement à cela, il prit conscience que le liquide qu’il avait reçu sur la face n’était rien d’autre que de l’alcool… Le quadragénaire, dans son regain de confiance et d’énergie, fendit l’air de sa lame en direction du torse de son assaillant.
Si son geste était vif et acharné, il n’en demeurait pas moins hasardeux ; partiellement paralysé par la décharge électrique, dont son esprit embrumé n’avait pas su en déterminer la provenance, ses mouvements souffraient d’une imprécision déconcertante. Malgré tout, il se devait, il le savait, de riposter avant que son sort ne soit définitivement scellé.

Tout se passa très vite. À peine une poignée de secondes. Au moment où BB8 envoya sa décharge, les reflets électriques se mêlant au bleu azur du breuvage alcoolisé, le type fondait sur lui. Poe réalisa, dans le même temps, qu'il brandissait son arme acérée et qu'il s'apprêtait à l'eviscerer.
L'ensemble de la Cantina s'estompa de son champ de vision et son sang bourdonna dans ses tempes, en tempo avec ses battements cardiaques et sa respiration affolée; toute son attention était focalisée sur l'agresseur. N'écoutant que la vague ardente de l'adrénaline qui se propagea dans l'ensemble de son corps jusqu'au bout de ses doigts, le Commandant de l'escadron de la Résistance brandit son bras devant son torse et son visage pour se protéger.

Il ne ressentit pas tout de suite la douleur. A vrai dire, la première chose qu'il perçut fut le bruit de déchirure du cuir de son blouson et la sensation de brûlure au niveau de son avant-bras, à quelques centimètres de son coude. Puis le poids harassant et lourd de l'individu engourdi qui s'effondrait de moitié sur lui, l'odeur entêtante d'alcool et de transpiration combinée avec sa proximité menaçante achevant d'affoler l'alarme interne lui servant d'instinct de survie. Empoignant le quadragénaire par le col de son haut rapiécé, Poe Dameron profita de son déséquilibre latent pour le jeter en direction du comptoir, et ainsi faire entrer en collision sa tête avec le bois clair de la surface. Ce fut en effectuant cette action avec toutes la force dont il disposait, et en ressentant la vibration de l'impact sourd se répercuter le long de ses propres bras, qu'il réalisa que sa manche était imbibée de sang chaud et lourd, que sa tête lui tournait, et que son bras droit le faisait cruellement souffrir dans une brûlure vive et mordante.

Une respiration. Deux respirations. Le calme était revenu. Petit à petit, le bouclé reprenait conscience des lieux qui l'entouraient, des débris de verre au sol, des bips affolés de BB8 qui lui tournait autour, évitant de peu les gouttes de sang épaisses qui tombaient. Un bref coup d'oeil vers son bras lui apprit qu'il avait été entaillé cruellement par la lame, sur environ huit centimètres malgré les deux couches de vêtements qui le protégeaient.
~ Et merde.... Encore un blouson de foutu. Pourvu que la ferraille de ce fou furieux n'était pas pleine de bactéries...! ~ songeait le pilote, encore hébété par l'attaque surprise.

La riposte téméraire de Lork n’avait pas été vaine ; l’inconnu, qui s’était empressé d’interposer l’un de ses bras entre la course effrénée de la lame et son noyau central, fut blessé jusqu’au sang par le mordant de l’acier. Mais le quadragénaire n’eut guère le temps de savourer sa petite victoire que, déjà, il se sentit happé vers l’avant. Il eut à peine le temps de s’en alarmer, se disant qu’il allait certainement bientôt crever là, au beau milieu de cette Cantina bondée de gens qui ne faisaient rien pour aider quiconque ; triste fin, pour un père de famille qui ne cherchait qu’à garantir la pérennité de son foyer ; l’instant d’après, le front de Lork Jeny heurta violemment le comptoir dans un bruit mat et sinistre.
Le choc fut si brutal qu’il terrassa le quadragénaire sur le champ, le précipitant dans les méandres sinueux de l’inconscience. Son corps, désormais inerte, s’effondra lourdement au sol où il échoua dans une posture misérable et désarticulée.

Comme l’altercation venait de prendre subitement fin, la grande majorité des curieux qui l’avaient suivie finit par renouer avec le train-train du quotidien. S’éleva alors une agitation nouvelle, au sein de l’établissement, laquelle était animée par le tumulte des conversations qui venaient de reprendre avec une vive effervescence. Seuls quelques-uns, certainement des connaissances plus ou moins intimes du pauvre bougre qui gisait à terre, gardèrent leurs regards rivés sur l’inconnu. Mais aucun d’entre eux ne bougea… pour le moment du moins, car à en juger par les murmures que ces derniers amorcèrent de se glisser, ils pouvaient très bien être en train de peaufiner une vengeance éclaire.

De son côté, le Rodien choisit ce moment précis pour rejoindre son contact. Après avoir vidé son verre, Venss quitta sa table pour cheminer rapidement jusqu’au comptoir. Une fois arrivé, il ancra son regard abyssal dans celui de l’humain :

- Niveau discrétion, on repassera. Siffla-t-il tout bas d’un ton plein de reproches.
Va falloir qu’on quitte rapidement les lieux… même si ce misérable a été mis au tapis, il y a toujours énormément de tensions ; ce disant, il désigna d’un rapide signe de tête ceux qui, non loin, semblaient quelque peu courroucés par la tournure qu’avaient pris les évènements ; et je n’ai pas la moindre envie d’être mêlé à une baston de poivrots de comptoir.
Rejoignez-moi dehors, cinq minutes après mon départ. Et pendant le temps d’attente ; faites vous petit.

Sans plus attendre, Venss se dirigea vers la sortie de la Cantina afin de pouvoir attendre le Résistant en dehors de l’enceinte de cette dernière.  

Le tintement continu dans ses oreilles s'amenuisant, le résistant pouvait percevoir avec plus de netteté la rumeur ambiante de la Cantina. Le bruit des murmures, seulement troublé par l'imperturbable et guilleret orchestre symphonique, fit rapidement place à une multitude de conversations agitées dont, il le soupçonnait, l'altercation était au coeur du sujet. Au même moment, un autre individu se rapprocha de lui. Encore sous le coup de l'agression, Poe reporta vivement son attention sur lui, le corps tendu, les sens en alerte. Vêtu d'un long manteau brun pourvu d'épaulettes métalliques scindées en faisceaux, le Rodien à l'épiderme vert jaunâtre n'avait pas l'air particulièrement menaçant, ni même particulièrement intéressé. Ceinturé à la taille et à la cuisse par dessus un pantalon scintré et des bottes esthétiquement travaillées, deux blasters complétaient cette panoplie de parfait Nar Shaddaaien. De toute évidence, cet homme en avait vu d'autres et ne semblait pas impressionné par la démonstration de rixte ayant opposé le bouclé à son agresseur, une poignée de minutes plus tôt. Il su toutefois qu'il comptait vraisemblablement l'aborder, puisque son regard impénétrable s'était planté dans le sien, une fois arrivé à sa hauteur.

Appelez ça une intuition, mais Poe su qu'il ne craignait rien de ce nouvel arrivant. Aussi se tourna-t-il tout à fait vers lui, reprenant son assise sur le tabouret comme s'il n'avait pas assommé le malheureux bougre gisant à ses pieds. Lorsqu'il se fit réprimander pour son manque de discrétion, un reproche qui lui fit étonnamment penser à l'attitude de la générale Organa lorsqu'il commettait un impair, le résistant réalisa qu'il devait s'agir de son contact. Un grand soulagement l'envahit. Cette folle journée allait pouvoir toucher à son terme. Une deuxième pensée le traversa dans un même temps: ce type... il l'avait vu quand il était rentré dans la Cantina ! Ce qui voulait dire qu'il l'avait laissé délibérément seul quand il s'était trouvé en mauvaise posture. Aussi, se faire reprocher d'avoir été trop bruyant, alors qu'il aurait pu l'aider à désamorcer la situation et ainsi éviter ce carnage, fit naître chez le Yavin un brin d'agacement, traduit par un léger froncement de sourcil. Malgré son toupet, il n'était pas dénué de bon sens puisqu'il appuya sur un fait des plus importants : il leur fallait quitter les lieux, en particulier dans la mesure où la transaction devait se faire dans le plus grand des secrets. Par ailleurs, constata Poe Dameron en suivant le regard du Rodien, un groupe de personnes leur jetaient un peu trop d'oeillades hostiles et appuyées face à l'issue du combat.

- Ah, c'est vous. J'ai faillis attendre ! ne pu s'empêcher de railler le Commandant à voix basse pour que seul son interlocuteur ne l'entende, un semblant de sourire en coin aux lèvres. Je suis plutôt d'accord qu'on sorte d'ici. Leur alcool laisse un peu à désirer et le service est affreux !

Au moins, cette petite échauffée lui avait remis du plomb dans la tête. Tandis que son contact, dieu merci enfin présent, sortait de la Cantina, il se remettait de ses émotions. Sentant l'adrénaline le quitter peu à peu, Poe reporta son attention sur son Méca compagnon affolé. Il posa sa main non souillée de sang sur sa tête sphérique et prit sa voix la plus posée et la plus rassurante.

- Hey... Je vais bien. Ne t'inquiètes pas. C'est juste une égratignure, d'accord ? Quelques jours, un peu de bacta et il n'y paraîtra plus. D'ailleurs... Je vais m'en occuper tout de suite. Tu peux surveiller les types de la table de droite pour moi, là bas?

Ponctuant ses mots d'un sourire, le pilote prit le temps de laisser entrevoir, dans ses yeux, toute la tendresse et l'attachement qu'il vouait au droïde sphérique, lequel pressait sa tête métallique contre la main en bipant son inquiétude et sa résignation. Après une ultime caresse, Poe ôta finalement de son cou l'écharpe grise ornée d'un motif de plumes brunes. Il procéda de la même manière pour son blouson, mettant à découvert l'entaille. Elle n'était pas jolie jolie, plutôt profonde et sillonnée de longs roulis pourpres. Après avoir agité ses doigts et d'être assuré qu'aucun nerf n'était touché, il se banda la plaie, serrant étroitement le tissu à l'aide de ses dents.

Une bonne poignée de minutes s'étaient écoulées lorsque Poe Dameron renfila son blouson et se leva de son tabouret, accompagné du droïde qui fixait encore les potentielles menaces avec détermination et concentration. Sans plus attendre, et après avoir vérifié quand même que son agresseur KO respirait encore, le brun déposa quelques crédits pour sa consommation et un petit dédommagement financier pour le "nettoyage" des lieux, avant de quitter cette sinistre et maudite Cantina d'un pas rapide. Enfin, il allait pouvoir entrer dans le vif du sujet. Ils allaient faire cette transaction, Poe allait récupérer le matériel, et il quittera au plus vite cette planète, direction la base.